Que ne suis-je la fougère, 
Où, sur la fin d'un beau jour, 
Se repose ma bergère, 
Sous la garde de l'amour ? 
Que ne suis-je le zéphyre 
Qui rafraîchit ses appas, 
L'air que sa bouche respire, 
La fleur qui naît sous ses pas ? 
Que ne suis-je l'onde pure 
Qui la reçoit en son sein ?
 Que ne suis-je la parure 
Qui la couvre après le bain ? 
Que ne suis-je cette glace, 
Où son miroir répété, 
Offre à nos yeux une grâce, 
Qui sourit à la beauté ? 
Que ne puis-je par un songe, 
Tenir son cœur enchanté ?
Que ne puis-je du mensonge 
Passer à la vérité ?
 Les dieux qui m'ont donné l'être, 
M'ont fait trop ambitieux. 
Car enfin je voudrais être, 
Tout ce qui plaît à ses yeux.
Les Tendres Souhaits — Charles-Henri Ribouté